À la croisée de la géomatique et du sport de haut niveau, David Lappartient a su faire de la précision, de la rigueur et de la diplomatie les maîtres mots de son parcours. Ancien géomètre-expert et aujourd’hui président de l’Union Cycliste Internationale (UCI), il brigue désormais la présidence du Comité International Olympique (CIO). Lors de cette interview qu’il nous a gentiment accordée, il revient sur son expérience de géomètre, les enseignements qu’il en a tirés pour sa carrière politique et sportive, ainsi que le rôle fondamental de la géomatique dans l’évolution des performances sportives. 

Monsieur Lappartient, que retenez-vous de votre expérience en tant que géomètre-expert ?

J’ai exercé ce métier avec passion, c’était véritablement la profession que je souhaitais embrasser. Ce que j’appréciais le plus, c’était la variété des tâches, l’importance de la rigueur et la portée des mesures que nous effectuons. Le géomètre, c’est aussi un médiateur, au cœur des relations humaines entre les propriétaires fonciers. Il incarne la confiance et doit donner des conseils éclairés. Nous touchons à l’humain, car les propriétaires sont souvent très attachés à leurs terres. Trouver le bon angle pour résoudre un problème est primordial.

Est-il possible de tracer un lien entre votre passé de géomètre et vos activités actuelles ?

Absolument. Être géomètre-expert m’a appris la précision et la préparation, des qualités essentielles lorsque l’on se retrouve au centre des décisions. De même, instaurer un climat de confiance est tout aussi crucial en politique qu’en tant que géomètre. Mon expérience du foncier me permet de mieux appréhender les dossiers dans mes différents mandats. Cela m’a également donné le sens de la diplomatie et une meilleure compréhension des enjeux humains.

En quoi cela vous a-t-il aidé dans vos responsabilités actuelles?

La résolution de conflits sur le terrain m’a permis de développer des compétences dans l’évaluation et la gestion des relations interpersonnelles, compétences que j’utilise aujourd’hui dans mes fonctions politiques.

Quel est, selon vous, le rôle du géomètre ou de la géomatique dans le développement du sport?

Le géomètre garantit la performance par des mesures précises. Que ce soit pour la construction et la certification d’un vélodrome, d’une piste d’athlétisme ou d’un bassin de natation, ce sont ces mesures qui assurent l’équité des compétitions. La géomatique, quant à elle, traite en temps réel des quantités impressionnantes de données, rendant le sport plus vivant pour le spectateur. Les écarts de temps, les distances ou encore les vitesses instantanées sont calculés à l’aide de technologies comme le GNSS, la photogrammétrie ou la lasergrammétrie. Bien souvent, on ne se rend pas compte d’où viennent ces informations, mais elles sont essentielles à la diffusion moderne du sport.

Pensez-vous que l’intelligence artificielle jouera un rôle majeur dans l’avenir du sport?

L’intelligence artificielle va assurément révolutionner l’analyse des données. Je pense que nous n’avons pas encore pleinement conscience de tout ce qui peut être accompli grâce à elle. Que ce soit pour le meilleur ou le pire, seul l’avenir nous le dira.

Regardez-vous encore vers la profession de géomètre?

Je garde des contacts réguliers avec mes anciens associés et amis issus de ce milieu. Mon cercle familial est également lié à cette époque. Même si je sais que je ne reviendrai pas dans cette profession, c’est toujours un plaisir d’échanger sur des sujets techniques ou légaux. Depuis mes débuts en 1998, l’évolution technologique a été fulgurante, et elle continue de l’être.

En tant que président de département, je reste impliqué dans des missions d’aménagement foncier et il est très utile de comprendre les plans soumis dans les dossiers. Je suis toujours heureux de rencontrer des géomètres, que ce soit en France ou en Suisse, et je vous invite chaleureusement à l’UCI pour partager un moment si l’occasion se présente.

Merci à Monsieur Lappartient pour son accueil et sa disponibilité. Nous lui souhaitons beaucoup de succès dans ses futurs engagements politiques et sportifs!

 

Propos recueillis par Etienne Borloz

 

Présentation

Né le 31 mai 1973 à Pontivy dans le Morbihan, David Lappartient est diplômé de l’École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie (1998). Après deux ans de stage, il devient géomètre-expert et exerce cette profession jusqu’en 2007, après avoir fondé le bureau Géo Bretagne Sud, un cabinet pluridisciplinaire employant jusqu’à 65 personnes (urbanisme, voirie, génie civil…).
Suite à son engagement politique au sein de la mairie de Sarzeau, il se sépare de son cabinet et préside actuellement le conseil départemental du Morbihan. Passionné de cyclisme, il devient président du Vélo Club de Rhuys, entre à la Fédération Française de Cyclisme (dont il devient président en 2009), puis accède à la présidence de l’UCI en 2017. En 2022, il rejoint le CIO, et depuis 2023, il préside le Comité National Olympique Français (CNOSF). Tout récemment, il a annoncé sa candidature à la présidence du CIO pour succéder à Thomas Bach.